La Môle (Var) Les fouilles du site de Sainte-Magdeleine

 (Ribot H. – Les fouilles du castrum médiéval de Sainte-Madeleine de la Môle, dans :   La Chartreuse de la Verne, Trésors dispersés dir. J. Charles-Gaffiot, Mairie de Cogolin 1998, p. 74-78)             Le castrum médiéval de Sainte-Madeleine à la Môle (Var) a fait l’objet d’une importante campagne de fouilles entre 1972 et 1976, la première d’une série de chantiers que nous avons ouverts sur des agglomérations et châteaux médiévaux du Var: le castrum de Taradeau entre 1977 et 1981, le château  et la nécropole d’Ollioules  de 1983 à 1993,  le castrum d’Orves à Evenos en 1987, le parvis et les abords de la collégiale du Vieux-Six-Fours en 1985 et le castrum du vieux Beausset en 1988. Bien que l’exploration ne se soit pas étendue à la totalité du site, il parut très tôt opportun de présenter les résultats des travaux conduits sur la Môle dans la mesure où ces recherch es concernaient une région encore peu étudiées, où elles livrèrent des vestiges architecturaux et céramique nombreux, et où enfin elles ont permis une confrontation entre les résultats et les données textuelles, ainsi qu’une comparaison avec d’autres lieux de la Provence[1]

            Dans le Massif des Maures, la Môle est la seule rivière à posséder une vallée ample et rectiligne. La couverture végétale,  essentiellement composée de chêne-liège et de bruyère, a été profondément modifiée par une érosion intense, les incendies et l’exploitation du sol. Le banc de basalte de Maravieille-Sainte-Madeleine a probablement donné son nom à la Môle, ad Molam au début du Xe s.             Cédée en 1008 par les vicomtes de Marseille à l’Abbaye de Saint-Victor[2], la villa de la Môle se trouva, après bien des vicissitudes, partagée en coseigneurie entre le comte et Guillaume de Néoules, de la famille de Signes, l’une des branches des Marseille[3]; les Chartreux de la Verne en possédant une grande partie mais sans en détenir la haute justice. Cette division de la seigneurie fut la cause de conflits à partir de 1257, lorsque la famille de Fos, qui possédait Bormes, obtint du comte sa part de la Môle avec la seigneurie majeure et la haute justice sur les terres de la Verne[4]

            Du castrum mentionné en 1252 à la Môle, nous ne savons rien Où était-il? Nous n’avons pu le localiser. En 1331, il est fait état d’un burgus, peut-être s’agit-il du premier état de la chapelle Sainte Madeleine. En fait, il fallut attendre une nouvelle division des terres dépendant de la seigneurie de Bormes, après 1345, pour qu’un castrum apparût sur le piton basaltique de Sainte-Madeleine. Cette agglomération connut une existence brève, puisque dès avant 1400, la terre de la Môle était déclarée inhabitée et que son seigneur avait trouvé refuge auprès de son frère, dans le château de Bormes[5]             

Le castrum du XIVe s. comprenait deux parties bien distinctes: - un ensemble fortifié bâti au sommet de la colline de Sainte Madeleine; 

- une agglomération ouverte qui s’étalait sur le versant méridional jusqu’au chemin public de la chartreuse de la Verne à Cogolin.             Seul vestige encore visible de Molam veterem au début des travaux, l’ancienne église paroissiale de Sainte Madeleine a donné son nom à la colline. Elle s’élève à une trentaine de mètres à l’ouest, en contrebas de la partie fortifiée et hors les murs de celle-ci, mais en limite de la partie ouverte. Nous avons avancé en son temps l’hypothèse que cette chapelle aurait pu être l’église paroissiale Saint Julien mentionnée en même temps que le premier castrum au XIIIe s.; cette hypothèse ne tient plus depuis que nous avons fouillé l’édifice dans son intégralité. Il nous semble plus évident de voir dans Sainte-Madeleine une construction plus tardive, probablement du XIVe s., certainement fondée en même temps que le castrum. Quant à l’église Saint-Julien, nous la localisons dans la vallée de la Verne, en face de Sainte Madeleine, dans le quartier de St Julien. 

            Les fouilles et leurs résultats: 

            La disposition de la partie haute fortifiée était conditionnée par l’étroitesse d’une plate-forme d’environ 1700 m². Le système défensif utilisa au mieux le terrain: deux falaises déterminent au nord un plan horizontal  barré par un mur nord-sud. A l’extrémité orientale de ce petit plateau s’élève la chapelle de Saint-Madeleine, en partie bâtie sur une terrasse artificielle.             Au sommet de la dernière falaise, haute parfois de dix mètres, se dressait le mur d’enceinte. Un fossé et un avant-mur, reconnus dans deux sondages, entouraient la base de l’habitat fortifié. Dans ce dernier, une trentaine de maisons comportant rarement plus d’une pièce se répartissaient de part et d’autre d’une rue large de deux mètres, quelques-unes s’appuyant contre l’enceinte dont l’épaisseur variait de deux à trois mètres. L’accès se devine à l’est, non loin de la chapelle, au sud du sondage IV. L’effondrement de la falaise méridionale, dû à une carrière ouverte au cours du XIXe s., a fait disparaître une partie des vestiges. Créé à la fin de la première moitié du XIVe s., l’ensemble présentait une homogénéité que l’étude du matériel recueilli a confirmée. 

            Nous ne sommes pas en mesure de reconnaître l’extension de l’agglomération ouverte. Le sondage VI a montré qu’elle a fonctionné dans la seconde moitié du XIVe s. au moins. Elle devait se composer d’assez vastes demeures (40 à 70 m² contre 20 à 25 m² pour la partie haute fortifiée) avec cour, et comportait au moins une forge (sondage VII).             Quatre sondages ouverts dans la partie fortifiée, deux dans le fossé et l’avant-mur, et deux dans l’agglomération ouverte ne suffisent pas à résoudre le problème de l’étude de la maison rurale à la Môle au XIVe s. Néanmoins, certains points communs à ces structures et à celles du castrum de Rougiers, nous ont conduit à rédiger une synthèse publiée dans la revue Archéologie Médiévale[6]

             La chapelle de Sainte Madeleine. 

            Longue de 17,5 m pour une largeur de 7m, elle se composait à l’origine d’une abside à chevet plat et d’une nef à deux travées couverte par une voûte renforcée par des arcs doubleaux. Vers 1809, un mur fut élevé à hauteur de l’arc séparant les deux travées et un toit à double pente remplaça la voûte au-dessus de la première travée; un presbytère fut bâti contre le mur gouttereau sud. L’appareil d’origine est aisément reconnaissable, le matériau employé étant toujours le basalte. Les murs sont à double parement avec des moellons soigneusement taillés et des bossages aux angles extérieurs. L’abside comportait deux niches dont la plus récente était en serpentinite[7]. Une porte ouverte dans le mur sud donne dans la première travée. Ses piédroits portent les logements dans lesquels coulissait la barre de fermeture. Une seconde porte, ouverte tardivement dans le mur ouest reliait la chapelle avec l’extérieur; les moulures de ses piédroits ne sauraient appartenir qu’au XVe s. Elle est aujourd’hui murée et partiellement détruite. Une troisième porte donnait accés au cimetière qui jouxtait l’édifice au nord. Enfin, une baie à double ébrasement éclaire la première travée au sud.             La fouille de la chapelle réalisée en 1989 à la demande des Monuments Historiques, donc plusieurs années après la première série de sondages ouverts dans le village, a confirmé l’utilisation de la chapelle durant le Moyen Age et jusqu’au XXe s. 

            Cinq états ont pu être reconnus:             Etat 1: Dans la seconde moitié du XIIIe s. au plus tôt, un édifice fut construit sur la colline. Ses structures sont celles que l’on connaît aujourd’hui: mur absidal, murs sud et nord, tous fondés sur le rocher quelquefois surcreusé. Dans la première travée, le sol composé de dalles de micaschiste et de gneiss posées à même le rocher et scellées au mortier de chaux, s’appuyait contre les murs sud et nord. Dans l’abside, le pendage naturel du rocher obligea les constructeurs à remblayer sur une forte épaisseur avant de poser un dallage identique à celui de la première travée. Quelques traces de réparation étaient visibles: de la chaux remplaçant par endroit des dalles manquantes. Enfin, les murs reçurent un enduit à la chaux. La date de cette fondation se placerait entre l’installation de la famille de Fos à la Môle (1257), et le début de l’activité du castrum (vers 1358), avec de fortes présomptions pour que ce soit vers 1276-1280 (invention des restes de Ste Marie-Madeleine à St Maximin) et 1278 (Rossolin recevant alors de son grand-père les terres de la Môle, Bormes et Collobrières). Une date postérieure à 1280 semble des plus acceptables. L’édifice de ce premier état était-il une simple chapelle ou bien un logis seigneurial? La question est posée. 

            Etat 2:  Après cette première époque de fonctionnement, le monument traversa un assez long épisode d’abandon correspondant au second état, comme le démontrent les couches de dépôts argileux de l’abside. L’ensemble est alors fort délabré. Ce second état ne peut se situer qu’après 1280. Est-ce à dire que Sainte-Madeleine, pourtant bien située sur le chemin qui conduit de la Verne à Cogolin,  n’est plus fréquentée? C’est possible, d’autant plus qu’à la même époque, le regroupement de l’habitat dut se faire autour de la paroisse de Saint-Julien, dans la vallée de la Verne, en face du hameau des Guiols, et en limite des territoires de la Môle et de la Verne.             Etat 3:  Une phase d’intenses travaux caractérisés par la présence de nombreux éclats de taille, de tuiles, de briques, de charbons de bois et de cendres, succéda à l’abandon de l’état 2. On arracha les dalles de pierre de la première travée, combla l’abside sous un épais remblai qui reçut une tombe, et installa un muret, peut-être un chancel, à l’aplomb de l’arc triomphal. Le sol fut recouvert d’un dallage fait d’épais carreaux de terre cuite Les murs reçurent un nouvel enduit à la chaux. Ce fut alors que le cimetière attenant à la chapelle commença à être utilisé; on y accédait par la porte ouverte dans le mur nord. Le matériel trouvé dans les couches du remblai portant le sol de ce troisième état nous conduit à dater cette reconstruction de l’époque de fonctionnement du castrum de Sainte Madeleine, c’est-à-dire du milieu du XIVe s., moment où les seigneurs de Fos sont au faîte de leur puissance. Il est probable que la paroisse de Saint-Julien dut alors être délaissée au profit de la chapelle castrale élevée au siècle précédent par les seigneurs de Fos sur la hauteur de Sainte-Madeleine qui dominait le terroir agricole, l’axe de circulation la Verne-Cogolin et le confluent des rivières de la Môle et de la Verne. 

            Etat 4: A partir de la fin du XIVe s., Sainte-Madeleine perdit sa fonction de cure pour ne plus être qu’un pauvre prieuré rural. Vers le milieu du XVe s., elle était desservie par Louis de Candie, de Cogolin. Les Chartreux unirent ce prieuré à la Verne en 1499, mais des réparations s’avérèrent vite nécessaires. Enfin, en 1729, un incendie ravagea le prieuré qu’il fallut reconstruire entièrement. Ce fut le grand remaniement de l’état 4 au cours duquel les carreaux de l’état précédent furent arrachés et remplacés par un carrelage plus élégant fait de carreaux, de briques  et de navettes d’argile, tous éléments que l’on trouve à la Chartreuse de là Verne. Dans l’abside, le sol fut surélevé et le mur reçut une niche avec bénitier  en serpentinite moulurée. La tombe, en partie dégagée lors de ces remaniements fut comblée avec du tout-venant. Des banquettes de pierre furent édifiées contre les murs nord et sud de la première travée; elles condamnèrent la porte qui donnait accès au cimetière. Les murs furent à nouveau recouverts d’un enduit de chaux. Enfin, ce fut au cours de cet état que fut ouverte la porte tardive que l’on voit dans le mur ouest.             Etat 5: Dernière modification en date, celle du début du XIXe s., entre 1808 et 1817. Afin de posséder un bâtiment public, les habitants de la Môle se cotisèrent pour restaurer leur église dont le toit était à reprendre et à laquelle manquait une porte d’entrée. Ce fut au cours de ces années que durent être réalisés les ultimes aménagement de la chapelle: obturation de l’arc doubleau séparant les travées, ouverture d’une porte dans le mur ainsi créé, toiture à double pente pour remplacer la voûte de la première travée, la seconde travée étant laissée à l’abandon et faisant office de nartex. Le tout s’acheva par la construction du presbytère contre le mur sud. 

            Le village fouillé, dont la partie haute fortifiée représente l’essentiel de notre étude, correspond sans aucun doute au castrum médiéval de la Môle. La brièveté de l’occupation et l’abondance du matériel fournissent des indices chronologiques précieux. La découverte d’une série continue de poids en pierre nous amène à réfléchir à l’intérêt que revêtent un certain nombre d’objets que l’on a trop souvent tendance à négliger: galets, broyeurs, tuiles, briques, … L’absence de céramique à pâte grise et de sgraffito  (un tesson de chaque) qui s’oppose à l’abondance des majoliques archaïques confirme la date de fondation du castrum de Sainte Madeleine entre 1331 et 1358 que suggèrent les textes, avec une forte probabilité pour que cet événement se soit déroulé entre 1345 et 1358. En revanche, la date de l’abandon est plus délicate à fixer. L’unique pièce de monnaie trouvée sur le sol de la maison du sondage I situerait cet abandon au plus tôt entre 1362 et 1370, la date la plus basse étant bien entendu 1400, avant laquelle la Môle est déclarée inhabitée. La fin du troisième quart du XIVe s. correspondrait assez aux données livrées par le matériel mis au jour.             Nous ne savons rien de l’évolution de l’habitat antérieur au XIVe s. Les résultats obtenus sur une infime partie de la commune peuvent donc être remis en cause lors de l’élargissement des travaux à l’ensemble du terroir. La chapelle de Sainte-Madeleine est le seul monument de la Môle qui permet d’établir le lien entre la communauté villageoise et celle des Chartreux: passant de l’autorité des Fos à celle des moines de la Verne, elle revint aux habitants de la Môle avec la Révolution. Aujourd’hui, dernier témoin de cette longue histoire, elle a retrouvé un certain lustre grâce aux travaux de rénovation que les Monuments Historiques et la Municipalité y ont réalisé depuis 1990. 

Henri RIBOT  Responsable des fouilles de Ste Madeleine Centre Archéologique du Var. 


[1]  Nous pensons tout particulièrement à Rougiers dont les fouilles dirigées par G. Démians d’Archimbaud venaient alors de s’achever.

[2] Charte n° 18 du Cartulaire de Saint-Victor, Guérard 1857.

[3] E. Baratier – Enquête sur les droits et revenus de Charles Ier d’Anjou, 1252-1278, Paris 1969.

[4] Le lieu-dit « Saint-Julien », situé sur les terres de la Môle, en rive droite de la Verne et à peu de distance de Sainte-Madeleine,  mais en limite du domaine des Chartreux , pourrait être l’emplacement de la villa de la Môle des XIe-XIIIe s.

[5] pour  plus de détails, lire H. Ribot - La Môle du XIe au XVe s., notes sur l’évolution d’une communauté rurale des MauresBulletin des Amis du Vieux Toulon et de sa région, n°102, Toulon, 1980; avec deux planches et une bibliographie de 106 titres..

[6] Ribot Henri -  Les fouilles du castrum de Ste Madeleine à la Môle, Var, Archéologie Médiévale T.  XV, 1985, p. 103-156

[7] Le filon de serpentinite de la Môle (hameau des Guiols) fut exploité par les Chartreux à partir de 1648.

La Môle Sainte-Magdeleine (suite)

Le point des travaux en juin 2007 (Henri RIBOT)

 Avant l’histoire : Les difficultés dues à la physionomie générale du pays, à une abondante végétation et à la dispersion de l’habitat à toute époque, font que les recherches concernant les périodes préromaines restent lacunaires. Il en ressort toutefois pour La Môle que seules les hauteurs qui bordent au sud la large dépression de la vallée furent fréquentées au Néolithique récent, comme le montrent le découvertes fortuites d’outils en serpentine et en silex à Murène et à Sainte-Magdeleine. Mais ces traces fugaces peuvent difficilement traduire l’existence d’habitats que seul, de la fin du Néolithique jusqu’à l’âge du Bronze ancien, le plateau de Maravieille semble avoir connue.

Antiquité : Durant l’âge du Fer, la présence de points de mouillage établis par les Marseillais sur la côte semble dynamiser très tôt l’installation humaine à La Môle. Dès la fin du VIIe siècle jusqu’au Ve siècle avant J.-C., Maravieille, dominant la vallée de
La Môle, était le lieu d’une nouvelle et importante occupation ayant succédé à un probable abandon. Lui faisant face, un autre habitat perché fortifié, datable du VIe siècle au milieu IVe siècle avant J.-C., occupa le sommet du Montjean, hauteur séparant la baie de Cavalaire de La Môle. Citons, par ailleurs, les quelques indices de cette époque trouvés sur le petit plateau de Biscarre 

Au cours de l’époque romaine, après l’abandon des hauteurs au profit des coteaux, de la plaine et des côtes entourant le golfe de Grimaud – le Sinus Sambracitanus des textes antiques-, les habitats des Ier et IIe siècles de notre ère se développèrent non loin des ports d’Athenopolis, Caccabaria, A1conis et Pergantion. A La Môle, leurs vestiges ont été découverts à Saint-Marc-le-Vieux, aux Figarets, aux Guiols, au Moulin-Roux, à La Bastide Neuve, à Murène, au Château de Fonscolombe, et même près de Maravieille et de Sainte Magdeleine où ils étaient peut-être en relation avec l’exploitation du basalte. Au cours du bas Empire, la vieille forteresse de Maravieille, pourtant abandonnée, reçut, après 285, l’enfouissement d’un dépôt de 1745 monnaies contenues dans une cruche en bronze.

 

Moyen Age : Les Sarrasins, qui auraient occupé le massif des Maures entre la fin du IXe siècle et la fin du Xe siècle, n’ont laissé apparemment aucune trace de leur présence sur le territoire de La Môle, où seules les multiples conséquences de la reconquête qui s’ensuivit revêtent quelque importance pour l’histoire de la commune.

Ainsi, après 972, lors du partage des terres provençales, les vicomtes de Marseille reçurent la partie occidentale du diocèse de Toulon et l’ensemble des terres situées autour du golfe de Grimaud. Parmi celles-ci, nous trouvons La Môle, citée pour la première fois en 1008 dans la charte n°18 du cartulaire de l’abbaye bénédictine de Saint-Victor de Marseille. Par ce texte, l’évêque Pons 1er, l’un des membres de la famille vicomtale, cédait à ce monastère tous ses droits sur la villa ad Molam dont l’actuel lieu-dit Saint-Julien , situé en rive droite de la Verne, pourrait être l’emplacement initial. En 1014, les vicomtes, frères de Pons 1er, firent une donation identique. Dans les chartes suivantes,
La Môle apparut fréquemment comme une seigneurie dans laquelle l’abbaye de Saint-Victor possédait des droits. 

En 1218, la chartreuse de la Verne, fondée en 1174 en limite des diocèses de Toulon et de Fréjus, se vit reconnaître par les seigneurs de Signes, descendants des vicomtes, et coseigneurs de La Môle avec le comte de Provence, une part du territoire cédée par quatorze familles moloises. Plusieurs habitats, ou castra, de cette époque ont été repérées dans les limites de la seigneurie, l’un d’eux étant explicitement mentionné vers le milieu du XIIIe siècle comme étant le castrum de Mola.

Cette division de la seigneurie fut la cause de conflits à partir de 1257, lorsque la famille de Fos, qui possédait Bormes, reçut en outre la part de La Môle appartenant au comte, et qu’elle voulut faire jouer ses droits de haute justice sur la chartreuse de la Verne.

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, peut-être après 1280, un premier édifice – une chapelle ? -, fut construit sur la colline de Sainte-Magdeleine ; puis il traversa une assez longue période d’abandon correspondant selon toute vraisemblance à un regroupement de l’habitat autour de la paroisse de Saint-Julien, dans la vallée de
la Verne,

Vers le milieu du XIVe siècle, les Fos, soucieux de maîtriser les axes de circulation entre les diverses seigneuries voisines – Collobrières, Cogolin – édifièrent un puissant castrum sur la hauteur stratégique de Sainte-Magdeleine dont la chapelle avait remplacé Saint-Julien comme église paroissiale flanquée de son cimetière. Aujourd’hui encore, les vestiges de la partie haute fortifiée et de la partie basse ouverte de ce castrum sont toujours visibles de part et d’autre de l’église de Sainte-Magdeleine qui renforçait de sa puissante architecture la défense collective.

Les difficultés rencontrées par la Provence, et tout particulièrement le Freinet, au cours de la seconde moitié du XIVe siècle entraînèrent un abandon rapide du castrum – peut-être dès 1370 -. L’église de Sainte-Magdeleine perdit alors sa fonction de cure pour ne plus être qu’un prieuré rural desservi, vers le milieu du XVe siècle,  par un prêtre de Cogolin. Les chartreux de la Verne unirent enfin ce prieuré à leur monastère en 1499, mais des réparations s’y avérèrent très vite nécessaires.

 

Bibliographie :

 

BRUN (J.-P.) et alii, 1999 – Carte archéologique de
la Gaule – Le Var 83/2
. Académie des Inscriptions et belles lettres 1999. 

MAUREL (M.),
la Chartreuse de Notre Dame de
la Verne en Provenc
e, Marseille, 1974. 

COURTIN (J.), 1974 – Le Néolithique de
la Provence
, Paris, 1974. 

ESTIOT (S.), 1983 – « Le trésor de Maravielle (Var) », Trésors monétaires, V, 1983, p. 9-15. 

FONSCOLOMBE (Baron de), 1890-91 – « Découverte d’une meule à grains à
la Mole, quartier de Maravieille et renseignements sur un oppidum », Bulletin de
la Société d’Etudes scientifiques et archéologiques de Draguignan
, Tome XVIII, 1890-91. 
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